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Contemporaine

carré jaune Extrait

[...] Peur de mourir et en même temps...
Peur de vivre dans ce monde en proie à la guerre, aux conflits environnementaux, aux catastrophes pas naturelles, aux épisodes cévenoles, aux réfugiés du climat, aux écocides, aux Lampedusa, aux canicules de 2003, aux enclaves de Ceuta et Melilla, aux hot spots de Lesbos, Moria, Augusta, Amygdaleza, aux AENAEAS, FRONTEX, HERA, aux tueries, carnages, attentats, aux meurtres, aux assassinats.
(Peur de l’aimer plus qu’il ne m’aime. Peur que tout soit fini entre nous. Peur de me mettre à pleurer quand on me demande de ses nouvelles. Peur de pleurer au cinéma et qu’on voit mes larmes en sortant.)
Peur de n'avoir plus personne pour me « toucher gentiment » comme l'écrit Kafka à Max Brod après une visite au bordel.

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carré jaune Sur

La Maison des Enfants d'Izieu fut pour moi le lieu augural d'un sentiment d'insurmontable aporie devant la douceur des paysages du Bugey, la grâce émanant de ces photographies d'enfants, la tendresse des lettres adressées à leurs parents, et leur destin lamentable. Son écho ne cessera de se répercuter lors de mes déambulations dans l'Ancienne gare de déportation de Bobigny, dans la Cité de la Muette, à Drancy, dans les camps d'Auschwitz-Birkenau – l'autre face de la vibrante Cracovie encore imprégnée de la présence de Kantor – et dans celui de Terezin (le "Camp des Artistes" !) si près si loin de la Prague de Kafka.
En arpentant ces lieux qui, aujourd’hui encore, sont comme irradiés par un traumatisme majeur survenu dans notre passé – ces lieux "Janus" où l’horreur et la beauté se sont côtoyées dans le même tempsContemporaine tente de penser (panser ?) cette aporie comme le signe même de notre modernité.

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carré jaune Critiques

Frappée de mutisme (« c'est comme si ma langue était morte ») mais non d’amnésie, AZ s’emploie alors à partager ce présent, où elle n’a encore jamais été, avec les morts.Vi vante et mortelle, promise comme quiconque à ce qui l’exclura définitivement du temps compté et fuyant où elle vit et d’autres temps que sa mémoire explore, elle souhaite apprendre la langue des déjà morts, éternellement morts – ses futurs contemporains. Langue qui n’est pas morte, mais constamment renouvelée par ceux qui nous quittent et que nous n’accompagnons pas et qui se dessaisissent de leur langue maternelle – donc langue vivante qui ne sera jamais « assassinée » comme l’a été le Yiddish. [...] C’est dans cette nouvelle langue, à peine sortie du silence et qui sera parlée à voix très basse qu’AZ reprendra, dans la fosse, ce texte pour le céder, ou mieux, en faire don à ses nouveaux condisciples, autrefois vivants et ignorants de cette langue inaudible et inouïe qui serait l’antithèse d’une novlangue. Ecrire sur le texte d’AZ, c’est surtout écrire par ce texte, et grâce à lui. Il fait écrire ; il nous incite à poursuivre ce dialogue consigné dans la marge, adressé de très loin, déjà engagé par AZ avec ses frères humains, morts. Philippe Boutibonnes

Annie Zadek nous dit une transformation. L’explication est en bas de page, note n°2 : elle dit pourquoi elle est « peu à peu devenue la Contemporaine des morts. » Elle dialogue avec elle-même, découvre c'est-à-dire soulève une chape, lit, retrouve le silence du présent. Proust lui tombe des mains. Elle entend ses morts, ceux qu’elle s’est choisi, ceux qui lui parlent. Le poème est le seul langage qui lui dit ses peurs. Jean-Yves Potel, mai 2019. (Sur Contemporaine d'Annie Zadek, éditions Créaphis, juin 2019)

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• Éditions Créaphis, 2019



 

 

 

Couverture du livre d'Annie Zadek "Contemporaine"

Mise à jour le 15.10.2019 © 2017 Juliette Gourlat
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